Le 3 Novembre, Olympe4000 fera sa première Positive Education, qui a lieu du 31 Octobre au 5 Novembre. Derrière les platines accompagnée de Von Riu. La nouvelle résidente pour le dispositif d’accompagnement « La Préchauffe », initiée par La Machine, est active depuis quelques années à plusieurs niveaux de l’industrie. Fondatrice de label et de concept de soirée, mentore, productrice, DJ, on a voulu la rencontrer pour en savoir plus sur ces initiatives !
mana : Hello Olympe4000, tu te produis cette année en B2B avec Von Riu à la Positive Education ! Pas la première fois que vous formez un duo. C’est un choix de votre côté ou votre énergie est tellement transperçante qu’on vous booke souvent ensembles ?
Olympe4000 : J’ai rencontré Von Riu sur Rinse il y a trois ans et ça a directement fonctionné. Quand on est ensemble, il y a une espèce de fusion où nos idées et énergies se rejoignent. On se rend compte que cette énergie frénétique est aussi présente derrière les platines qu’en vrai. On travaille sur un EP ensemble…
À quel point tu t’éduques sur le background des gens avec qui tu fais des B2B ?
Ce qui est appréciable dans les B2B c'est la communication créative et l’échange qui se crée. Ça favorise l’apprentissage : tu te confrontes à d’autres manières de mixer, d’autres manières d'enchaîner les tracks.
Pour préparer un B2B généralement j’écoute les projets de la personne, on s’appelle pour échanger comme avec Bambounou ou on s’envoie des tracks comme avec Mézigue. Parfois c’est des b2b avec des amix et la c’est plus spontané comme avec baby-B.
Sinon autre B2B de ces dernières années, c’était avec Pia Concept à Bordeaux. J'ai été mentor pour la formation Move UR Gambettes, l'année dernière. Pendant six mois, on a accompagné sept DJs à se professionnaliser. Parmi ces personnes, il y avait Pia Concept avec qui j’ai fait un B2B à Bordeaux Open Air. Le fait d’avoir une continuité entre la formation et ce B2B ensemble devant 3 000 personnes faisait sens.
Cet aspect mentoring, d'épauler les gens est important pour toi ?
C’est central tant dans ma vie privée que ma pratique professionnelle, il faut se tirer vers le haut, s’accompagner au maximum et déconstruire les rapports de compétition.
Le patriarcat, une des failles dans l’industrie de la musique typiquement. Pourrais-tu me mentionner d’autres failles ?
C’est la structure de toute l’industrie de la musique électronique qu’il faut faire évoluer. Des line ups plus inclusifs en passant par un changement dans tous les corps de métier de cet écosystème : avoir plus de personnes sexisées aux postes clés (programmation, technique…). Intéressez-vous au mouvement / manifeste de Consentis « Réinventer la nuit », il est incontournable dans les réflexions concernant l’amélioration de nos espaces de travails, de fête.
Adelphité, qu’est-ce que ça symbolise pour toi aujourd’hui dans la musique électronique ?
On peut créer des communautés, cercles et sentiments d'appartenance qui permettent de se sentir moins seul.e et isolé.e. Je suis plutôt pour les espaces en non-mixité, dans certains types d’événements. La non-mixité est une solution pour la libération de la parole, des corps.
C’est pour cette raison que tu as organisé ton propre festival, Sisterules, pendant le confinement ?
Oui, c’était pendant le confinement. Il y a eu un déferlement du stream et il n’y avait que des mecs. Tu étais enfermée chez toi, et tu scrollais, et ce n'était que des vidéos de mecs cishet. Je me suis dit que j’allais créer ce festival, que je ne voulais pas trop parisiano-centré.
Il y a pas mal de projets qui existent aujourd’hui pour donner de la visibilité et accompagner les personnes minorisés comme Connect'HER, Au-Delà du Club, Soeurs Malsaines, Venus Club...
On est encore en phase de transition, beaucoup de choses se transforment en même temps et je crois que dans le processus, il y a des gens qui s’y retrouvent pas. Même si l’inclusion se crée, et que tu fais entrer des personnes dans de nouveaux espaces, ça ne va pas forcément créer des espaces safe. Mais en s’exprimant, on permet aux choses de se réguler. Le fait qu’elle en ait parlé, qu’on en prenne conscience, qu’on l’écrive, qu’on crée des discussions avec les lieux pour être certain.e.s que c’est la bonne façon de procéder.
Un des outils qui est proposé par certaines associations comme Consentis ou Actright c’est d’insérer une charte safe dans les riders. Ça dit que les artistes veulent des endroits safes avec différents critères et que si ce n’est pas respecté, iels peuvent ne pas jouer.
Comme le rappelle le collectif Soeurs Malsaines dans un texte que j’ai trouvé très juste : “Ca fait un moment qu’on voit le mot Safe utilisé à outrance un peu partout et notamment dans le milieu de l’évènementiel (...) Rien ni personne n’est safe et inclusif à 100%, donc stop avec ces mots valises”.
J’avais aussi lu quelque part l’élément suivant : si l’artiste finit son set, iel va être escorté par un membre du lieu ou de la sécurité jusqu’à un espace safe. En tout cas, il y a de nouveaux outils. Je rebondis sur une autre de tes initiatives : celle de lancer ton label Adrenaline Quality.
Le label, que j’ai lancé en mars dernier, a pour objectif de donner une visibilité à des personnes que j'apprécie. Dans l’identité musicale, c’est olympe club music. Assez large, tout ce que j’ai envie de jouer. J’ai envie de sortir des identités, des personnes qui tentent. L’idée est de proposer de nouvelles sonorités, imbibées de différents styles.
Avec ce projet, je collabore avec Beats by Girlz. J’ai vu qu’il y avait une vague de cours de mix, ce qui est important, et je me suis rapidement demandée comment avoir plus de productrices sur la scène ? Comment favorise-t-on accès à la MAO (musique assistée par ordinateur) pour les personnes sexisées? C’est ce que fait l’association Beatz by Girlz qui est présente dans une soixantaine de pays et qui propose la démocratisation de l’accès à la technologie par le biais de la formation en MAO. Ce sont des formations gratuites de deux mois. Nous travaillons sur une compilation une fois par an avec des étudiantes de Beats by Girlz. La première sort en décembre.

Forte d’initiatives, tu as d’autres projets ou envies en ce moment ?
Passer davantage de temps en résidence de création avec mes amix dans la nature, me faire dépister, préparer la sortie de mon second EP début 2024, rire pour rien, finir l’EP avec Von Riu, continuer d’apprendre à parler arabe, rencontrer des artistes, explorer, faire l’apologie de la non-productivité, l’éloge du repos, avancer sur mon projet à La Machine !
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Direction artistique : @olympe4000 & @siro2violette
Photo : @simonchirat
Make up & style : @siro2violette
Vous pouvez suivre Olympe4000 ici.
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